Cet après-midi, accompagné de quelques gaillonnais et de Mesdames DUBERNARD (1ère adjointe au maire) et de Madame PIPEAU (3ème adjointe au maire en charge des solidarités et des affaires sociales, nous avons célébrés comme il se doit les cent ans de Madame Odette GODIN.
Vous trouverez ci-dessous le discours prononcé en son honneur.
Tout d’abord je fais appel à la bienveillance de tous et je demande votre clémence pour les oublis et petites erreurs, mais je n’ai pas encore l’habitude de souhaiter l’anniversaire d’une centenaire ; j’espère avoir d’autres occasions.
Madame GODIN, chère Odette, vous avez, aujourd'hui, cent ans. C'est l'anniversaire de ce siècle de vie qui nous rassemble pour ce moment exceptionnel !
Nous le savons, l'espérance de vie n'a pas cessé d'augmenter et, en ce début du XXIe siècle, la recherche médicale porte de nouveaux espoirs.
En 1921 la France comptait 86 centenaires ; actuellement il y en a plus de 22.000 et 84 % d’entre eux sont des femmes. Comme je sais que cela vous tient à cœur, le prochain objectif pour vous est de dépasser Sœur André (Lucile RANDON) la doyenne des français née le 11 février 1904 et donc âgée de 117 ans ...
Chaque commune ne peut donc pas s'enorgueillir d'avoir « sa » ou « son » centenaire. Ce déterminant possessif ne trahit pas une fierté mal venue, mais marque l'affection bien particulière que nous portons à celles et ceux qui ont traversé un siècle et qui appartiennent à l'histoire du lieu où ils ont passé une grande partie de leur vie. Vous-mêmes, vous habitez la commune depuis 1965, vous connaissez son passé et incarnez une part de notre mémoire collective.
Chère Odette,
Avant cette journée où nous célébrons vos 100 ans, vous avez parcouru un long chemin.
Je voudrais faire un grand bond en arrière et m'arrêter aux années vingt, celles qui vous ont vu naître. Car, quand on dit centenaire a-t-on bien présent à l'esprit l'époque de votre petite enfance ? En 1920, le Traité de Versailles entre en application, le mouvement Dada émerge et le style Art Déco s'impose, l'électrification des chemins de fer débute et les premiers appareils radio sont mis en vente, le cinéma parlant détrône le muet, le jazz et Joséphine Baker triomphent au music-hall, les vedettes s'appellent Fréhel, Mistinguett et Maurice Chevallier …… en octobre 1921 ce sont les naissances de Georges BRASSENS, d'Yves MONTAND et de Georges WILSON. Le Président de la République française se nomme Alexandre MILLERAND, la chanson à la mode est « Dans la vie, faut pas s’en faire » (interprétée par Maurice CHEVALIER) et le film « Le KID » avec Charlie CHAPLIN vient de sortir au cinéma … Avec ces quelques jalons historiques, nous mesurons mieux l'espace-temps que vous avez parcouru, j’ajouterai que vous avez connu quatorze Présidents de la République Française …
Voilà pour la Grande Histoire, mais parlons maintenant de votre histoire
Tout d’abord, Je vous prie de bien vouloir m’excuser, pour quelques inexactitudes qui pourraient s’être glissées dans mon discours ; mes connaissances étant limitées par rapport à l'étendue de votre mémoire.
Tout commence le mardi 4 octobre 1921, part une forte chaleur (plus de 30 degrés), Mademoiselle Odette MAROT vient au monde à Paris dans le 12ème arrondissement sa maman Marie et son papa Pierre sont heureux de donner une petite sœur à leur fils André.
A cette époque, Votre papa Pierre (originaire de Bretagne), ouvrier chez André CITROEN et votre maman Marie (originaire d’Auvergne), femme de chambre chez Monsieur André CITROEN ont déjà pour projet l’ouverture d’un hôtel-restaurant à Colombes où votre maman Marie s’y est révélée une cuisinière hors-pair.
Le temps était rythmé par la vie animée de l’établissement de vos parents, entrecoupé par le traditionnel banquet annuel des Auvergnats de Paris que vos parents n’auraient manqué pour rien au monde. De temps en temps toute la famille se retrouvait dans la maison que vos parents avaient acquise à Gambais. Là, loin du bruit et de l’agitation de l’hôtel-restaurant de Colombes, vous avez passé des moments heureux en famille.
Alors petite-fille, vos séjours plus ou moins longs, chez votre grand-mère en Auvergne étaient l’occasion de découvrir une autre vie loin de l’agitation de Colombes. Lors de ces longs voyages vers l’auvergne natale de votre maman, vous voyagiez en deux chevaux (CITROEN évidemment !) un petit incident est survenu à l’occasion d’un voyage mémorable ; votre papa a écrasé un serpent. En arrivant chez votre grand-mère, vos parents ont fait part de l’incident à vos tantes et oncles, ni une, ni deux, ils sont repartis le récupérer pour le cuisinier ! Ceci n’est pas fait pour changer l’image des auvergnats, mais avec le temps, je sais que cela vous a bien fait rire.
Puis vint la période noire de la seconde guerre mondiale ; la joie et l’insouciance ont fait place aux privations, à la tristesse. Avoir vingt-ans à cette époque n’était pas facile et je sais que vous en avez été marqué.
Après la libération, vous êtes entrée comme démonstratrice dans une maison qui était une institution ; Chez Monsieur Antoine célèbre coiffeur ; on lui doit la célèbre coupe ajustée de Joséphine Baker dans les années 20 , c’est aussi à lui que l’on doit la coupe à la garçonne portée avantageusement par Coco Chanel.
Vous avez rapidement gravi les échelons et êtes devenue directrice de son école et avez dirigé le salon de coiffure rue Saint-Didier. Lorsque vous étiez directrice de l’école vous avez eu comme élève une certaine Geneviève MULMANN qui deviendra plus connue sous le nom de Geneviève DE FONTENAY (Présidente pendant de nombreuses années du comité Miss France) …
En 1951, lors d’un mariage, vous rencontrez celui qui partagera votre vie pendant près de 60 ans, Monsieur Michel GODIN.
Je me suis laissé dire que vos premiers diners avec votre belle-famille à Gaillon étaient parfois un peu compliqués car il arrivait que la langue de SHAKESPEARE y soit utilisée.
Le 7 août 1952, vous vous mariez en l’église Saint-Pierre-de-Chaillot dans le 16ème arrondissement de Paris.
Tous les deux vous aviez vos habitudes au rond-point des Champs Elysées ; vous viviez alors rue de Longchamps.
Puis vinrent vos enfants ;
Lucie le 12 juillet 1953 ; Lucie qui se souvient fort bien de votre tortue pour laquelle vous aviez dû faire appel aux pompiers ; celle-ci s’étant enfuie dans la gouttière …
Jérôme le 4 octobre 1954 ; Votre fils Jérôme a probablement été votre plus beau cadeau que l’on vous ai fait pour votre anniversaire puisqu’il est né également le 4 octobre …
Sophie nait le 18 novembre 1957
Puis Véronique le 28 février 1963
Tous sont nés à Créteil
Après quelques déménagements, toute la petite famille arrive à Gaillon-sur-Moncient en 1965 , ce n’était pas une découverte pour vos enfants, puisqu’ils venaient régulièrement visiter les grands parents paternel et où votre beau-père a exercé la fonction de maire de la commune pendant trois mandats..
Vous alliez régulièrement chercher des œufs, du lait et des pommes de terre chez Louisette ANQUETIN.
Vous avez également repris une activité professionnelle à Mantes-la-Jolie en tenant la boutique bien connue à l’époque « SOPHIE DHARM » et y avez fini votre activité professionnelle au-delà de ce qu’il est commun d’appeler aujourd’hui « l’âge de retraite ».
Vous avez eu la joie d’accueillir neuf petits-enfants qui ont eux-mêmes donnés le jour à onze petits-enfants.
Le temps a passé, vous avez fait partie des deux premières femmes a siéger au conseil municipal de notre commune ; vous y êtes entrée le 25 mars 1977 et y avez effectué trois mandats où votre volonté de faire avancer les choses y a été remarqué.
En 2008, vous avez vécu une épreuve douloureuse avec le décès de votre époux Michel, ne vous a plus resté de lui que ces délicieux petits mots que vous conservez précieusement dans votre portefeuille.
La vie a repris son cours et très vite vous avez fait partie des premiers « mardis récréatifs » dans la petite salle de la commune ; les parties de cartes et de jeux n’étant que le prétexte à discuter, parfois d’élever la voix et souvent d’y fêter les anniversaires des uns et des autres.
La bibliothèque a recueilli votre adhésion et, lorsque la vue s’est avérée trop défaillante pour lire, vous avez été la première à obtenir des livres audios et je crois que ceux-ci ont toujours votre faveur.
Le temps a continué de passer et nous souhaitons qu’il se poursuive encore longtemps pour vous.
Je citerai Henri Matisse qui disait
«On ne peut s'empêcher de vieillir, mais on peut s'empêcher de devenir vieux.»
Avant de conclure, je voudrai remercier toutes les personnes qui m’ont aidé à écrire ce discours, exercice difficile quand il s’agit de retracer 100 années de vie. Un grand merci à Madame Lucie GIBON qui a donner de son temps et accepté de livrer quelques anecdotes citées dans mon discours.
Pardonnez-moi d’avance d’avoir été un peu long dans mon discours, cette journée vous appartient. Je voudrai dire tout mon respect et mon admiration devant la personne que vous êtes ; Madame GODIN, en mon nom, au nom de la municipalité, et de tous vos amis réunis aujourd’hui, je vous souhaite un joyeux anniversaire pour vos 100 ans.
Jean-Luc GRIS
Le 4 octobre 2021